De la contrainte à la liberté

Le Poèmomètre est aussi un instrument de mesure, un ruban d’écriture qui se déroule et s’enroule au fil de l’écriture et de la lecture. Il permet de mesurer l’espace et le temps de l’écriture. Il les étire ou les condense. Il s’inspire des « paperoles » de Marcel Proust, ce bricolage littéraire qui donna forme aux longues phrases pleines d’incises si savoureuses de La Recherche du temps perdu.

 

Avant de se lire à haute voix, le Poèmomètre est une performance d'écriture : rédigé et calligraphié d'un trait, comme on vit sa vie, toujours en avant. A partir d'un thème, d’un souvenir, d’un mot, choisi ou imposé, l'autrice s'installe à la table, n’importe où, dans un train, dans un couloir, avec un marqueur et un rouleau de papier. Elle compose à la main, directement au propre. Avec du papier-joint pour placo-plâtre, elle bricole un livre pauvre qui rappelle les rouleaux d’écriture et l’origine des livres. C’est une expérience tournée vers la spontanéité, l'échange et la poésie du geste. Sans rature, le poèmomètre est un fil d'Ariane tendu entre nous, écrit d’un souffle.

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La lecture des Poèmomètres est spectaculaire car ils s'étirent, se débobinent facilement le long d'un chemin ou dans un petit coin, au fil de la lecture. Ils deviennent une partition. Lus à une ou plusieurs voix, préparés ou à l’aveugle, ils offrent une lecture à la fois visuelle, sonore et expérimentale. Aussi encombrant que léger, le Poèmomètre se range et dérange, embrouille et se débrouille, file et se défile. Il interroge et joue avec la langue de la main à l’oreille, en passant par la bouche, une savoureuse création littéraire.